2000 ans d'Histoire

La présence de populations de la fin du Néolithique est attestée au Camp Allaric, comme sur de nombreux sites de hauteur et de grottes de la région. L’habitat est défendu par un talus de terre et de pierre et par un fossé peu profond (fouilles Ch. Maitay, inédit). Les fouilles du rempart et des niveaux adjacents ont livré de nombreux fragments de vases en terre cuite et d’outils en silex ou en roches tenaces. Deux phases chronologiques ont pu être définies.

La première peut être associée à une occupation Vienne-Charente (ou à un Néolithique final assez archaïque ?). Elle est caractérisée par des vases tronconiques à fond plat, des bords rectilignes subverticaux ou rentrants, des mamelons de préhension, mais aussi des armatures de flèche tranchantes et foliacées (Pautreau, 1976).

La deuxième phase correspond à une occupation du Néolithique final régional (civilisation artenacienne). Elle a livré un riche ensemble de céramiques (assiettes, écuelles, gobelets, vases de stockage, anses nasiformes…) ; plusieurs types de décors ont été inventoriés (motifs scalariformes, zigzags, pointillés, demi-cercles concentriques…). L’outillage lithique (haches polies, racloirs, grattoirs, poignards…), l’armement (armatures de flèche à ailerons, pédoncule et barbelures) et la parure (bracelets, perles…) illustrent les échanges de matières premières avec les régions voisines. Comme à l’âge du Bronze final et au premier âge du Fer, les vestiges fauniques sont particulièrement bien conservés.

Une occupation du Bronze ancien a été observée sporadiquement sous l’éboulis interne du rempart (Pautreau, 1976). A ce jour, aucune trace du Bronze moyen n’est connue sur le plateau ni dans les grottes. Une fosse fouillée à l’intérieur du Camp constitue l’unique vestige du Bronze final IIIa ou IIIb archaïque. Cette fosse a livré une épingle en bronze à petite tête globuleuse du type Plan de Nove et un mobilier céramique montrant quelques archaïsmes par rapport à celui du Bronze final IIIb classique (Pautreau, 2001).

Au Bronze final IIIb, le site est protégé par un rempart et par un fossé peu profond à fond plat et rebords verticaux. La fortification se présente actuellement sous la forme d’un talus de terre et de pierres mesurant plus de 200 m de long et environ 20 de large. Sa hauteur dépasse encore aujourd’hui 4 m. Cette levée curviligne barre l’éperon sans interruption, exceptée l’ouverture pratiquée par les agriculteurs dans les années 1950. A l’intérieur, prend place une petite agglomération qui, à la fin de l’âge du Bronze et au premier âge du Fer, est constituée de maisons à architecture de terre et de bois. Des centaines de trous de poteaux de dimensions variées ont été observés à l’intérieur du Camp ; ils restent difficilement associables et ne permettent pas forcément de reconstituer les plans des bâtiments (Pautreau et Maitay, 2007).

Le mobilier du niveau 3b montre une grande variété de vases peints en rouge et en noir, des céramiques à décor incisé de « grecques », des petits gobelets dits « en bulbe d’oignon », des plats creux à marli, des petites figurines en argile, des outils en os (ciseaux, poinçons, aiguilles) et divers fragments de bronze (perle, épingles...) (Pautreau et Maitay, 2007). Des fragments de creusets et des tiges brutes de coulée attestent de l’existence d’un atelier de fondeur (Pautreau, 1985). L’importance prise par les ovicaprinés au cours de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer est notable (Poulain 1977).

L’âge du Fer

L’occupation du premier Age du Fer est continue à celle du Bronze final. L’impression de richesse exceptionnelle donnée par les niveaux de la fin du premier Age du Fer est accentuée par un incendie qui a « fossilisé » un abondant mobilier. Il semble que nous soyons en présence d’un hameau important par sa situation stratégique sur l’axe Aquitaine-Bassin parisien d’où il tire probablement sa richesse (Pautreau et Maitay, 2007).

La phase ancienne du premier âge du Fer (Hallstatt C) n’est pas encore très bien cernée, mais semble s’inscrire, d’après le mobilier céramique, dans la continuité de l’occupation de la fin de l’âge du Bronze. Le niveau 3 bis, daté de la phase moyenne du premier âge du Fer (Hallstatt D1), connaît l’apparition du décor peint au graphite et l’emploi d’éléments de parure en lignite. Les formes des céramiques rompent totalement avec celles de l’âge du Bronze final. La phase finale du premier âge du Fer (Hallstatt D2/D3) est matérialisée par les niveaux 4-5 et 6-7. L’horizon 4-5 recouvre une couche de chaux concrétionnée résultant d’un important incendie. Les couches de la fin du premier âge du Fer ont livré un abondant matériel : vases intacts (céramiques peintes à piédestal, vases à décor d’incisions), mobilier en fer (hache, javeline, fibule) et en bronze, morceaux de clayonnage, soles de foyers, trous de poteaux... Une lampe à huile en terre cuite originale provient du niveau 7 (Pautreau, 1986 ; Pautreau et Maitay, 2007).

Le second âge du Fer est représenté par un fossé barrant l’extrémité de l’éperon et par quelques découvertes isolées (Pautreau et Maitay, 2007). Les niveaux 8 et 9 correspondent au remplissage de ce fossé. Le niveau supérieur (9) comporte des céramiques tournées et non tournées, ainsi que des fragments