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Présentation du site

Le Camp Allaric, sur la commune d’Aslonnes (Vienne), est un village occupé entre le Néolithique final (seconde moitié du IIIème millénaire) et la fin de l’époque gauloise (Ier siècle av.). Il se situe sur un éperon calcaire que détermine un affluent du Clain, la Clouère, peu avant la confluence des deux cours d’eau. Il est protégé au nord par un rempart en arc de cercle et sur les autres côtés par des falaises hautes et abruptes. Le camp domine de 28 m la vallée. Les deux tumulus du Clos de Biberon s’élevaient à une trentaine de mètres à l’extérieur de l’enceinte.

Les études archéologiques menées dans le Centre-Ouest de la France ont démontré qu’à l’âge du Bronze final, autour du VIIIème siècle avant J.-C., de profondes mutations vont participer à la modification des groupes culturels poitevins et charentais. L’incinération supplante l’inhumation, de nouvelles formes céramiques apparaissent, et, dans le domaine de l’habitat, les habitats de hauteur prennent le relais des vallées occupées au Bronze moyen ; l’effet de ces modifications va concerner une grande partie de l’Europe tempérée. Le Camp Allaric témoigne parfaitement de ces bouleversements des cadres de vie et constitue donc un jalon régional de référence.

Situation géographique.Dessin Ch. Maitay, d'après IGN et cadastre.
Situation géographique.
Dessin Ch. Maitay, d'après IGN et cadastre.

Le contexte géologique

La commune d’Aslonnes prend place au centre du le Seuil du Poitou. Celui-ci constitue un couloir naturel entre les Massifs armoricain au nord-ouest et central au sud-est, et assure la liaison entre les Bassins aquitain au sud-ouest et parisien au nord. Le site prend appui sur des terrains sédimentaires qui recouvrent une dépression de roches anciennes (fig. 4), ponctuée d’affleurements de silex de couleur noir présentant peu d’aptitudes à la taille. La vallée de la Clouère est recouverte de strates d’alluvions actuelles et subactuelles, déposées dans le lit majeur de la rivière. Celle-ci a creusé son cours dans deux types de sédiment : des calcaires fins, dolomitiques ou bioclastiques, de couleur blanc roux, et des marnes à spongiaires dans lesquelles viennent s’intercaler des bancs de calcaire argileux, bioclastiques et micritiques.

Au Camp Allaric, le sous-sol est de nature sédimentaire. Il s’agit d’un calcaire blanc dont la surface se délite, sous l’action de phénomènes mécaniques ou de pédogenèse, en plaquettes d’une dizaine de centimètres d’épaisseur. Par endroits, des veines de silex noir de mauvaise qualité apparaissent en surface. Elles sont également visibles dans les falaises de « Châtillon », sur le côté est de l’éperon. La roche mère affleure parfois à l’intérieur du Camp. L’épaisseur de terre arable qui la recouvre s’amenuise du sud vers le nord (de plus d’un mètre à l’extrémité de l’éperon, à environ 25 cm au pied du rempart). De nature limoneuse, elle adopte une couleur noire très caractéristique, contrastant avec la teinte orangée des argiles alentours.

Le socle cristallin est composé de granitoïdes (granite à amphiboles et biotites). Des affleurements sont visibles à environ 6 km du Camp Allaric, au lieu-dit « Granit » (commune de Ligugé) et de l’autre côté du Clain, au lieu-dit « Port Seguin » (commune de Smarves). Ce dernier faisait l’objet d’une exploitation commerciale au début de la seconde moitié du XXème siècle.


Le Camp Allaric : la légende

Le nom actuel du site date du début du XXème siècle. Il provient d’une légende locale, encore très fortement ancrée dans la population. Elle raconte que le roi wisigoth Alaric II (ou Allaric II) s’y serait réfugié après la célèbre bataille de Vouillé et sa défaite contre Clovis (507 ap. J.-C.). Ses guerriers et ses chevaux, fortement malmenés par les troupes franques, auraient rejoint le site criblés de flèches et de coups d’épées. Le sang s’écoulant des plaies des vaincus expliquerait ainsi le contraste de couleur entre les terres brunes et orangées alentours et le limon brun rouge que l’on retrouve à l’intérieur du camp...

Allaric II se serait également fait inhumer au Camp Allaric avec son cheval, qui aurait été pour l’occasion entièrement recouvert d’or. Un énorme tertre est censé les recouvrir tous deux. Mais il faut bien dire qu’ils n’ont jamais été retrouvés, pas plus que de quelconques vestiges de cette époque.

Quoi qu’il en soit, pour les habitants d’Aslonnes et des communes avoisinantes, cet endroit est avant tout le lieu de sépulture d’un roi du Moyen Age, avant même d’être un village néolithique et protohistorique.

On connaît de nombreux lieux témoignant du passage de Clovis, d’Allaric, puis de Charles Martel dans la région : le Pas de la Biche et la Font-Chrétien, à Civaux, la Chaise du Roi, à Lussac-les-Châteaux, ou encore le Ravin de la Mort, à Vouneil-sur-Vienne. Malgré tous ces lieux chargés d’histoires, cette partie du passé de la Vienne reste encore très mal connue.

Clovis traversant un gué, le jour de la bataille de Vouillé (in : Mineau et Racinoux, 1995, p. 13).
Clovis traversant un gué, le jour de la bataille de Vouillé (in : Mineau et Racinoux, 1995, p. 13).

Les Grottes de Châtillon

Les falaises et les grottes qui bordent le plateau de Thorus ont également abreuvé l’imagination populaire. Dans l’une des cavités, on raconte qu’il a été découvert, à une époque indéterminée, une épée fichée dans le rocher...surprenante adaptation locale du mythe d’Arthur retirant Excalibur d’un rocher ! Cette histoire, bien que fantaisiste, s’appuie probablement sur un fait réel : la découverte à la fin du XIXème siècle, lors de draguages effectués dans la Clouère, d’une épée en bronze de la fin de l'âge du Bronze.

Une autre de ces grottes possède une histoire amusante :

En aval de Château-Larcher, la Clouère, avant de se joindre au Clain, poursuit son cours sinueux au pied de falaises abruptes et boisées, découpées dans un plateau triangulaire qui domine la rive droite de la rivière, face au hameau de Bapteresse.
A mi-flanc de ces coteaux calcaires s’ouvrent plusieurs grottes reliées par un étroit sentier en corniche taillé dans le roc. Ces cavernes dites Grottes de Châtillon ont abrité les hommes de la Préhistoire qui y ont laissé des traces de leur industrie.
La plus connue d’entre elles est la Grotte aux Fées. Exposée au midi, elle mesure à l’entrée 2,70 m de haut sur 3 de large et s’étend en profondeur sur une quinzaine de mètres.
Elle possède une chambre latérale qui, s’ouvrant sur la droite, s’incurve en retour pour prendre jour par une baie percée dans la falaise.
Selon une vieille croyance populaire, les fées de la contrée s’y rassemblaient pendant les nuits de pleine lune et descendaient à la Clouère pour laver leur linge. Des anciens du pays se rappellent avoir ouï-dire dans leur jeunesse que les gens du voisinage entendaient à cette occasion le bruit des battoirs dans les parages de la Grotte aux Fées.
Suivant une coutume qui était encore en usage au début du siècle, les habitants de Bapteresse se donnaient rendez-vous dans cette caverne, le jour de la Chandeleur, pour y faire sauter des crêpes.

Camp Allaric / Image

Ces vieilles traditions rappellent le souvenir lointain et confus de l’occupation de ces lieux par des populations primitives.

Extrait de Mineau R. et Racinoux L. (1995) - La Vienne légendaire. Poitiers, Brissaud/Geste Editions, p. 97
La Grotte aux Fées, à Aslonnes (cliché Y.B. Brissaud, in : Mineau et Racinoux, 1995, p. 98).
La Grotte aux Fées, à Aslonnes (cliché Y.B. Brissaud, in : Mineau et Racinoux, 1995, p. 98).

De nombreuses sources d’eau potable ont alimenté les légendes locales et ont pu déterminer le nom de la commune (Aslonnes évoque le nom de la déesse gauloise des sources, Alona, mais pourrait aussi bien provenir du terme médiéval alleu).

Ministère de la Culture UMR 6566, Civilisations Atlantiques et Archéosciences Conseil Général de la Vienne

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