Plan du site | Mentions légales | Design institutionnel

Fouilles anciennes

Fouilles XIXème

Durant la deuxième moitié du XIXème siècle, plusieurs sociétés d’archéologie, d’histoire ou de sciences naturelles voient le jour. Aussi bien en Poitou et en Charentes (Société des antiquaires de l’Ouest, Société archéologique et historique de la Charente, Société d’archéologie et d’histoire de la Charente-Maritime, Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, Société d’émulation de Vendée), en Limousin (Société archéologique et historique du Limousin) qu’en Aquitaine (Société historique et archéologique du Périgord) ou en Auvergne (Académie des sciences, belles lettres et arts de Clermont), ceux que l’on nomme les « Antiquaires » vont s’investir dans la recherche des origines de leurs ancêtres. Ces démarches vont entraîner la fouille, ou plutôt l’exploration sinon la démolition, de nombreux monuments. Les premières grandes collections particulières naissent également à cette époque. Les travaux menés sur le site d’Alésia par Napoléon III et la mode « celtique » qui l’accompagne vont conduire à un regain d’activité ainsi qu’au développement de théories tournées de manière quasi-systématique vers les Celtes et les Gaulois (les adeptes de l’empereur trouvant chez ces derniers de fiers et valeureux aïeux…).

Alphonse Le Touzé de Longuemar, scientifique, humaniste hétéroclite et figure emblématique de la Préhistoire poitevine (collections de la Société des Antiquaires de l'Ouest).
Alphonse Le Touzé de Longuemar, scientifique, humaniste hétéroclite et figure emblématique de la Préhistoire poitevine (collections de la Société des Antiquaires de l'Ouest).

Alphonse Le Touzé de Longuemar, ancien officier d’état-major va rédiger plusieurs inventaires préhistoriques et descriptions de mégalithes. Féru de sciences naturelles (géologie, agronomie), de sciences humaines en général et d’archéologie en particulier, il parcourt le Poitou et multiplie les articles et publications. C’est lui qui signale pour la première fois le Camp Allaric (nom actuel sur le cadastre), sous le nom d’« Oppidum de Palerne » (1862). Un an plus tard, il en réalise un plan, sur lequel figure le rempart.

Des fouilles sont effectuées par la suite en 1872, puis en 1911, par A. Boutillier du Retail, au cœur de l’enceinte fermant le Camp, nommé désormais « Oppidum de Biberon ». Il effectuera des prospections qui permettront de mieux connaître l’environnement préhistorique et historique du site. Les grottes et l’un des deux tumulus qui jouxtaient le site sont également explorés. C’est à cette époque qu’est découverte l’épée en bronze exposée au Musée Sainte-Croix à Poitiers (de type langue de carpe). En 1954, l’extrémité ouest du rempart est amputée pour permettre l’entrée des machines agricoles à l’intérieur du Camp.


1967-2001

Il faut attendre 1967 pour que, à l’instigation du Doyen Etienne Patte, de véritables travaux de recherche soient entrepris sur le site. Jean-Pierre Pautreau va diriger une série de campagnes de fouille, sur le rempart ou les niveaux d’habitat sous-jacents (secteurs VI, VIII, XII et XIII) et à l’intérieur du Camp (secteurs III, IV, V, X). Plusieurs phases d’occupation ont pu être mises en évidence : deux faciès artenaciens bien individualisés, une importante installation du Bronze final IIIb, protégée par un rempart en pierre sèche et caractérisée par des vases recouverts de peinture rouge, des vestiges matériels du premier âge du Fer (vases à pied, céramique graphitée, parure en lignite), et une occupation du second âge du Fer (La Tène finale) bien localisée à l’extrémité de l’éperon. En 2001, les opérations de terrain concernent l’éboulis externe du rempart et le fossé doublant la fortification (secteur XX). Le Musée Sainte-Croix, antenne de l’UMR 6566 du CNRS, devient le dépositaire des collections.

Relevé de la coupe du fossé doublant le rempart de l'âge du Bronze, août 2001 (secteur XX, fouilles et cliché J.-P. Pautreau).
Relevé de la coupe du fossé doublant le rempart de l'âge du Bronze, août 2001 (secteur XX, fouilles et cliché J.-P. Pautreau).

2001-2006

En 2001, Jean-Pierre Pautreau décide de « passer le relais » à Christophe Maitay, qui peut ainsi poursuivre les travaux engagés sur le site en effectuant une coupe transversale sur la fortification (secteur XX et XXI). Une équipe pluridisciplinaire (céramologue, archéozoologue, anthracologue, lithiciens…) se concentre, un mois par an, sur la fouille des cônes d’éboulis interne et externe, des niveaux archéologiques sous-jacents et sur l’architecture interne du rempart. Le secteur XXII, ouvert en 2003 sur la bordure ouest de l’éperon, permet de dégager l’extrémité ouest du fossé protohistorique (Pautreau et Maitay, 2007, fig. 2).

Fouille du secteur XXI, août 2005 (fouilles et cliché Ch. Maitay).
Fouille du secteur XXI, août 2005 (fouilles et cliché Ch. Maitay).

Les deux coupes stratigraphiques atteignent une longueur de plus de 20 m (Pautreau et Maitay, 2007, fig. 9). Elles illustrent une histoire complexe s’étalant sur plusieurs décennies. A un barrage néolithique constitué d’un talus de terre et de pierre et d’un fossé étroit et peu profond, succède la fortification du Bronze final IIIb. Il s’agit d’une structure appareillée formée de deux parements de gros blocs de calcaire et d’un blocage de moellons. Un crâne de sanglier a été reconnu à la base du blocage de l’enceinte (dépôt ?). A la fin du premier âge du Fer, le site semble densément occupé (nombreuses poteries à décor graphité, fragments de bracelets en lignite…). Le rempart, partiellement effondré, n’est pas reconstruit.

Les premiers résultats des études annexes attestent d’une fabrication locale de la plupart des céramiques, d’importations de matières premières lithiques (Anjou, Touraine, massifs anciens) et du rôle déterminant du bœuf, du mouton et du porc dans l’alimentation. Le tamisage des sédiments a permis de compléter le lot des macro restes végétaux (essences non encore connues sur le site, graines, fragments de coquilles). Cette méthode nous permet de réfléchir sur le cadre environnemental du Camp Allaric à l’extrême fin de l’âge du Bronze.

Ministère de la Culture UMR 6566, Civilisations Atlantiques et Archéosciences Conseil Général de la Vienne

Responsable éditorial : Christophe Maitay, Webmaster : Laurent Callarec.
Tous les documents présents sur ce site sont la propriété respective de leur auteur.
CSS Valid XHTML Valid